Christophe Annoot. Gravures.
S’il n’est pas dans sa ville natale du Havre, c’est à St Lô d’Orville que vous pouvez retrouver Christophe Annoot. Les titres de ses gravures sont parlants : « Shore », « Dunes », « Vagues », « Laisse de mer ». L’alliance de la galerie et de l’artiste était une évidence. La galerie est très heureuse de présenter la nouvelle exposition de Christophe Annoot, où se rencontrent histoire industrielle, mémoire politique et réflexion sur l’art..
Inspirées par la Côte des Isles dans le Cotentin, le port du Havre et des îles grecques, ses gravures sont structurées, quasi architecturales. Christophe Annoot apprécie cependant le « hasard voulu » présent dans la gravure, l’artiste devant laisser la place aux réactions chimiques inhérentes à cette technique où les épreuves sont à la fois similaires et différentes.
Jeune Christophe Annoot se rapprochait du minimalisme américain…. après 35 années d’expérience de graveur il s’est adouci et ajoute parfois des éléments un peu baroques, un peu dissonants. Mais il aime toujours autant par dessus tout aller à l’essentiel, « mettre de la clarté là où il y a de la confusion. ». Il privilégie les petits tirages d’environ 5 exemplaires.
Entre rigueur conceptuelle et sensibilité poétique, il nous invite à redécouvrir des fragments d’histoire à travers le prisme de son regard d’artiste, transformant la mémoire collective en expérience esthétique personnelle.
Christophe Annoot est l’artiste du vide, de l’absence et du paradoxe. Il saisit les traces de ce qui n’est plus.
Né de photographies prises par son père dans les années 60 son travail sur le port du Havre rend hommage à deux géants d’acier et de béton : le Mur Écran qui protégeait autrefois le paquebot Liberté et la Grande Forme qui accueillait le France.
Graveur de la mémoire, il nous emmène en Grèce dans les Îles de l’Exil Intérieur où jusqu’en 1974 les opposants politiques grecs étaient déportés, bagnes à ciel ouvert heureusement aujourd’hui désertés.
Sous sa pointe, le chaos naturel de la laisse de mer s’ordonne en formes épurées quasi architecturales alors que la mémoire industrielle se mue en songe apaisé.
Christophe Annoot c’est un peu les cheminées de la centrale du Havre passées à travers le filtre des poèmes grecs..
« …/…Pour une certaine légèreté.
Dans la mesure où à partir d’une matrice on peut obtenir un nombre – plus ou moins important d’exemplaires – plus ou moins identiques, l’(les) œuvre(s) obtenue(s) – les épreuves – prennent un singulier caractère de légèreté. Mais graver ce n’est pas, comme on l’a dit parfois pour faire un mot : « pas grave ! ». C’est plutôt un accès à la légèreté du coeur, peut-être à une dimension ludique, dans le domaine de l’Art longtemps empreint de pesanteur – l’unicité sacrée du chef-d’œuvre. Dans l’Estampe il est possible d’être sérieux sans se prendre au sérieux…/… » Christophe Annoot.
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